LEMONNIER Jean Marie - FILLEUL Emmanuel - x CUCU

Décès de deux cousins par alliance dans l'abordage du brick goëlette Blanche et Louis dans la nuit du 3 au 4 octobre 1891

LEMONNIER Jean Marie né 14 octobre 1857 à Granville x CUCU Blanche Appolonie Marie, fils de Pierre Jean et de GUILLAUME Caroline Victorine.

FILLEUL Emmanuel né 19 mai 1845 à Granville x CUCU Marie Rose, fils de François Julien et de MOREL Marie Aimée Adelaïde. LEMONNIER_FILLEUL.JPG

Ces deux cousins, par alliance car ils ont épousés deux petites-filles de mes SOSA, sont décédés lors de l'abordage du brick goëlette BLANCHE et LOUIS dans la nuit du 3 au 4 octobre 1891ainsi que 23 autres marins dont le décès a été déclaré constant par le jugement du 13 juillet 1894 par le tribunal d'Avranches (Archives Départementales de Saint-Lô; cote: 3 U 1/221).

Voici ce que l'on peut lire dans les minutes:
"Le brick goëlette Blanche et Louis, parti le 15 mars 1891 de Granville son port d'attache, était le 30 septembre au mouillage sur le Grand Banc de Terre-Neuve, près du brick Duc de Granville, qu'appareillait ce jour-là pour rentrer à Saint-Pierre. Depuis cette date, le Blanche et Louis n'a pas reparu. Or quelques jours après, dans la nuit du 3 au 4 octobre 1891, par une mer très grosse, le brick Le Maurice de Saint-Malo abordait et coulait un navire dont le nom et la nationalité étaient d'abord inconnu. Les circonstances du lieu et de date dans lesquelles se produisait cet événement coïncident avec la position et les mouvements présumés du Blanche et Louis, firent supposer que c'était ce dernier navire qui avait été abordé.
L'enquête a laquelle procéder ultérieurement la marine ne laisse pas de doute à ce sujet. Le signalement qui a été fourni du navire coulé par les marins du Maurice concordent entièrement avec celui qui a été donné du Blanche et Louis par son armateur.
Le temps ayant été très mauvais et la mer très grosse pendant la nuit du 3 au 4 octobre 1891, aucun des marins du Blanche et Louis ne semble avoir eu la possibilité de se sauver."



Voici les noms et prénoms des 23 autres marins:

LELIONNAIS Louis Honoré, fils d'Olivier Marie et de Marie Julie GUILLAUME, né le 12 juillet 1848 à Granville et y est domicilié, veuf de Marie Clémentine GOMBERT

CALENGE Emile François, fils d'Isidore Emmanuel et de Marie Eugénie LEMERRE, né le 13 novembre 1862 à Notre-Dame-de-Cenilly et domicilié à Granville, célibataire

CROISSANVILLE Louis Pierre, fils d'Augustin et de Marie Magdeleine HAREL, né le 30 août 1847 à Granville et y est domicilié, époux de Marie Françoise TETREL

LE CHEVIS Guillaume, fils de Jacques et de Marie Louise ALLEVAT, né le 10 mars 1852 à Pontrieux et y est domicilié, époux de Jeanne Marie Perrine LE GUEN

LE GOFF François René, fils de Joseph et de Marie Josephe HUET, né le 25 août 1863 à Pontrieux et y est domicilié, époux de Marie Louise LE JUIFF

DERRIEN Yves Marie, fils d'Yves et de Jeanne LE ROLLANOT, né le 5 août 1858 à Pleudaniel et y est domicilié, époux de Françoise Marie NICOLAS

LUCAS Jacques, fils de Joseph et de Marie Françoise LE BRAS, né le 12 décembre 1861 à Ploumagoar, domicilié à Saint-Pever, célibataire

THORAVAL Jean Marie, fils de Pierre et d'Anne KERANIERT, né le 10 février 1865 à Lanrodec, domicilié à Saint-Pever, célibataire

SERVOT Emile Marie, fils de Victor et d'Aimée AUGER, né le 24 avril 1859 à Bouillon et y est domicilié, époux d'Adolphine Aimée AUGER

BERGINAL Charles Louis, fils de François et de Marie Sophie DUFRESNE, né le 21 juillet 1862 à Granville et y est domicilié, célibataire

LE JAOUEN Auguste Charles, fils de Jean Marie et de Jeanne Eliza MAFFRANOT, né le 6 décembre 1839 à Granville et y est domicilié, époux de Virginie Marie BOUDET

TIPHAIGNE Gustave Joseph, fils de Jean Baptiste et d'Estelle Virginie ESNEE, né le 24 mars 1871 à Montmartin-sur-Mer et y est domicilié, célibataire

LE BOUEDEC Jean Marie, fils de Claude et de Marie Yvonne LE MAILLOT, né le 22 juillet 1852 à Plouec et domicilié à Pontrieux, époux de Marie Joseph TERRIS

LE GUEN Yves François Marie, fils de François et de Marie CONNAN, né le 8 février 1855 à Pontrieux et y est domicilié, époux de Perrine CONNAN

KERNEAU Toussaint, fils d'Yves et de Marie Yvonne BALEON, né le 1 novembre 1856 à Coatreven et domicilié à Quemper-Guézennec, époux de Marie Yvonne HEURY

BOBONY Yves Marie, fils d'Olivier et d'Anne VILLY, né le 22 octobre 1867 à Ploëzal et y est domicilié, époux de Marie MEUGUY

JANIN Yves, fils d'Yves et de Marie Jeanne LE BARS, né le 18 mai 1858 à Ploëzal et y est domicilié, époux de Léocadie LE BRAS

HERVION Guillaume, fils de Pierre et de Marie Yvonne LE GOFF, né le 9 août 1864 à Ploëzal et y est domicilié, époux de Marie LE FAOU

CALENGE Prosper Baptiste, né le 29 février 1872 à Granville et y est domicilié, célibataire

CHATELAIN Marie Joseph Louis,fils de Nicolas et de Prudence Eugénie BELLEVERGUE, né le 5 avril 1869 à Montivilliers et domicilié à Granville, célibataire

LE GIULCHER François Marie, fils d'Yves et de Marie GEBARD, né le 26 décembre 1871 à Ploëzal et y est domicilié, célibataire

CAHOREL Maximilien Victor, fils d'Amand Prosper et de Rosalie Marie DUTERTRE, né le 14 décembre 1871 à Muneville-sur-Mer et domicilié à Orval, célibataire

PLESSIX François Julien, fils de François Marie et de Joséphine Ange LE FAUVE, né le 16 octobre 1874 à Granville et y est domicilié, célibataire.

Cette recherche m'a permis de lire malheureusement beaucoup de requêtes pour déclarer des morts de marins, passagers, douaniers.... Je suis en train de faire un relevé donc ceci est le premier du longue liste.

Commentaires

1. Le samedi 8 septembre 2018, 15:14 par chrcan

Charles CANIVET alias Jean de Nivelle a beaucoup écrit sur les choses de la mer, tant en tant que journaliste qu'en tant que romancier. Il n'a pas manqué d'évoquer cette catastrophe

Le Soleil 02/01/1892
CHOSES DE LA MER
Je pense que cela fera sans doute plaisir à bon nombre de lecteurs du Soleil qui, il y a quelques mois, peut-être une année, ou un peu plus, se sont si bien entendus pour fournir un bateau neuf, à un brave patron de Douarnenez que la mer avait privé de son gagne-pain; cela leur fera plaisir, dis-je de savoir que ce brave homme, avec le bateau neuf qu’ils lui ont fourni, est assez content de ses affaires. « Cette année, m’écrit-il, j’ai fait une pêche passable pendant l’été ; la pêche d'hiver a été nulle jusqu’ici. Si le temps devenait beau, on pourrait encore gagner quelques sous. » Vous voyez cela d'ici, gagner quelques sous, par le temps qui court ! Et pour finir, le patron Lézouarch qui n’est point oublieux, me charge de transmettre aux lecteurs du Soleil qui se sont si bien cotisés pour le tirer de peine, tous ses souhaits de nouvelle année, avec l'expression de sa reconnaissance.
Voilà qui est fait, et j’en avise le patron Guillaume Lézouarch, de Douarnenez, en lui disant que je me suis acquitté de sa commission, avec la plus vive satisfaction. Et ma foi ! c’est la vérité. Quoi de plus agréable qu’un peu de gratitude, chez de braves gens auxquels on a pu faire quelque bien ? Les sinistres maritimes ont toujours de terribles conséquences. En une nuit, un coup de vent peut faire, dans un seul endroit, des douzaines d'orphelins, comme il vient, d’arriver à Étretat; une catastrophe à faire frémir, et au sujet de laquelle M. le curé d’Étretat nous écrit, en faisant appel à la publicité du Soleil. Mais, ces choses-là sont si fréquentes qu’il faudrait, pour ainsi dire, une rubrique quotidienne et une colonne spéciale indéfiniment ouverte à des souscriptions qui trouveraient facilement leur emploi, ce n’est pas douteux.
Et encore, cela ne suffirait-il pas. Ce qu’il faudrait, ce serait un mouvement énorme d'opinion provoquant, ici et là, partout, des souscriptions qui fourniraient, je n’en doute pas, un premier capital considérable, et que l’on renouvellerait, de temps en temps. Tous les journaux de Paris et tous les journaux dos départements opérant ensemble, le succès ne serait pas douteux. Mais, il faudrait du temps, pour organiser cela, en admettant même que l’organisation soit possible. Aussi, en attendant que la Société fondée par le regretté M. de Courcy soit assez riche pour faire face à tous les besoins, du moins les plus pressants, nous nous bornons ici à faire appel à nos lecteurs lorsqu’il s’agit de venir en aide à des infortunes particulières, et de réparer un malheur, comme à Douarnenez, récemment, et comme jadis à Barfleur. Et c’est pour cela que ce que nous recueillons est efficace. Que seraient, dans un cataclysme, les quinze-cents francs qui ont permis au patron Lézouarch de se faire construire une barque toute neuve et de recommencer la pêche, dans les mêmes conditions qu’avant son malheur ? Une goutte d’eau dans la mer, et rien de plus. Tandis qu’un petit capital, judicieusement employé, peut remettre de braves gens à flot. C’est un système qui nous semble excellent, dans certaines occasions; et nous nous y tenons d’autant mieux que, je le répète, dans le cas contraire, les appels seraient de tous les jours.
Il n’y a là ni mauvais vouloir, ni indifférence, simplement une conduite qui nous paraît meilleure, dans l’intérêt du but que nous poursuivons. Que serviraient, par exemple, les sommes les plus fortes qu’il nous soit jamais arrivé de recueillir, dans une catastrophe de mer comme celle qui s’est récemment produite, sur le banc de Terre-Neuve, où un navire de pêche du port de Granville, le Blanche et Louis, a été abordé et coulé par le Maurice, du port de Saint-Malo ? Pas grand’ chose, n’est-il pas vrai ? Il est difficile, cependant, de laisser sans une mention spéciale, cette aventure do mer où tout un équipage de vingt-cinq hommes a péri, sans que le navire abordeur ait rien tenté pour les sauver. Celui-ci a été vu, de loin, par des pêcheurs, mais il a forcé de toile ; en un mot, il se serait sauvé, comme un lâche.
Nous ne sommes pas très habitués à entendre ou à lire de pareilles choses, en France. On y sait que les paquebots rapides, qui suivent leur route immuable, entre l'Europe et l’Amérique, ne stoppent pas souvent quand ils ont passé sur le ventre d’un pauvre petit bateau de pèche. Ils disparaissent bientôt dans la brume, leur complice, et nul ne saura jamais leur nom. Ici, en admettant que la triste histoire soit vraie, ce dont nous voulons douter encore, ce n'est plus cela : le nom du navire abordeur est connu, ainsi que son port d’attache, et il faudra bien qu'il y revienne. Le capitaine n’est pas sans savoir le sort qui l'attend et les explications qui lui seront demandées ; et il n’est pas assez naïf pour s’imaginer qu’une fois à quai, avec son chargement de morues, il en sera quitte pour attendre tranquillement la prochaine campagne. L’honneur du pavillon marchand, si les faits sont exacts, est compromis dans l'affaire, il est indispensable que des éclaircissements interviennent.
Si cette lugubre histoire est telle qu’on la raconte, il n’y a que deux hypothèses possibles : ou le capitaine s’est volontairement éloigné du lieu du désastre, ou son équipage a refusé de lui obéir et l’a contraint de faire route. Dans les deux alternatives, c’est lui qui s’en expliquera et qui fournira les motifs de ce singulier abandon, auquel nous ne voulons pas croire encore. Non, ce n’est pas exact ; il n’est pas possible qu’un capitaine et un équipage français, dans des parages dangereux, où tous les navires d’une nombreuse flottille sont, pour ainsi dire, solidaires les uns des autres, aient pu voir, sans frémir, l’engloutissement d’un bateau de pèche coulé par eux, et se soient dérobés au devoir qu’exigeait leur imprudence ou leur maladresse, sans prendre garde aux clameurs de détresse de ces vingt-cinq hommes, leurs camarades, appelant désespérément à leurs secours. Si cela n'est pas, comment de pareils bruits peuvent-ils se répandre? Si cela est, et toutes les apparences sont pour qu'il en soit ainsi, il nous semble qu’une pareille lâcheté mériterait un châtiment exemplaire, propre à servir de leçon.
Jean de Nivelle.

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